Espaces vectoriels et Applications linéaires

Espaces vectoriels et Applications linéaires

Ce cours présente les notions fondamentales des espaces vectoriels et des applications linéaires. Nous aborderons les concepts de sous-espaces, familles libres, bases, et nous introduirons les sous-espaces image et noyau d'une application linéaire. Ce contenu est essentiel pour les étudiants en mathématiques ou en sciences.

1. Espaces vectoriels

1.1 Définition des espaces vectoriels

Un espace vectoriel est un ensemble \( E \) muni de deux opérations :

  • Une addition : \( + : E \times E \to E \),
  • Une multiplication par un scalaire : \( \cdot : K \times E \to E \),

où \( K \) désigne un corps (par exemple, \( \mathbb{R} \) ou \( \mathbb{C} \)). Les deux opérations satisfont les propriétés suivantes pour tous \( u, v, w \in E \) et \( \lambda, \mu \in K \) :

  • \( u + v \in E \) (fermée pour l'addition).
  • \( u + v = v + u \) (commutativité de l'addition).
  • \( (u + v) + w = u + (v + w) \) (associativité de l'addition).
  • Il existe un élément neutre \( 0 \in E \) tel que \( u + 0 = u \) (élément neutre).
  • Pour tout \( u \in E \), il existe un élément \( -u \in E \) tel que \( u + (-u) = 0 \) (élément opposé).
  • \( \lambda \cdot u \in E \) (fermée pour la multiplication par un scalaire).
  • \( \lambda \cdot (u + v) = \lambda \cdot u + \lambda \cdot v \) (distributivité par rapport à l'addition vectorielle).
  • \( (\lambda + \mu) \cdot u = \lambda \cdot u + \mu \cdot u \) (distributivité par rapport à l'addition scalaire).
  • \( (\lambda \cdot \mu) \cdot u = \lambda \cdot (\mu \cdot u) \) (compatibilité de la multiplication).
  • \( 1 \cdot u = u \), où \( 1 \) est l'élément neutre de \( K \) (élément neutre multiplicatif).
  • 1.2 Sous-espaces vectoriels

    Un sous-espace vectoriel d'un espace vectoriel \( E \) est un sous-ensemble \( F \subset E \) qui est lui-même un espace vectoriel pour les mêmes opérations définies sur \( E \).

    Pour que \( F \) soit un sous-espace vectoriel, il doit vérifier :

    • \( 0 \in F \) (il contient le vecteur nul).
    • Si \( u, v \in F \), alors \( u + v \in F \) (fermé pour l'addition).
    • Si \( \lambda \in K \) et \( u \in F \), alors \( \lambda \cdot u \in F \) (fermé pour la multiplication par un scalaire).

    1.3 Combinaison linéaire

    Une combinaison linéaire de vecteurs \( v_1, v_2, \dots, v_n \in E \) est une expression de la forme :

    \[ \lambda_1 v_1 + \lambda_2 v_2 + \dots + \lambda_n v_n, \]

    où \( \lambda_1, \lambda_2, \dots, \lambda_n \in K \) sont des scalaires.

    1.4 Famille génératrice et famille libre

    Famille génératrice

    Une famille de vecteurs \( \{v_1, v_2, \dots, v_n\} \subset E \) est dite génératrice de \( E \) si tout vecteur \( u \in E \) peut s'écrire comme une combinaison linéaire des \( v_i \).

    Famille libre

    Une famille \( \{v_1, v_2, \dots, v_n\} \subset E \) est dite libre si la seule solution à :

    \[ \lambda_1 v_1 + \lambda_2 v_2 + \dots + \lambda_n v_n = 0 \]

    est \( \lambda_1 = \lambda_2 = \dots = \lambda_n = 0 \).

    1.5 Bases d'un espace vectoriel

    Une base d'un espace vectoriel \( E \) est une famille de vecteurs à la fois libre et génératrice de \( E \). Tout vecteur de \( E \) s'écrit de manière unique comme une combinaison linéaire des vecteurs de la base.

    La dimension de \( E \) est le nombre de vecteurs dans une base de \( E \).

    1.6 Somme et somme directe de sous-espaces

    La somme de deux sous-espaces \( F \) et \( G \) est définie par :

    \[ F + G = \{ u + v \, | \, u \in F, v \in G \}. \]

    La somme est dite directe si \( F \cap G = \{0\} \).

    2. Applications linéaires

    2.1 Définitions et notations

    Soient \( E \) et \( F \) deux espaces vectoriels sur un même corps \( K \). Une application linéaire est une fonction \( f : E \to F \) qui satisfait les deux propriétés suivantes pour tous \( u, v \in E \) et \( \lambda \in K \) :

    • \( f(u + v) = f(u) + f(v) \) (compatibilité avec l'addition).
    • \( f(\lambda \cdot u) = \lambda \cdot f(u) \) (compatibilité avec la multiplication scalaire).

    En d'autres termes, \( f \) conserve la structure d'espace vectoriel.

    Exemple 1 : L'application identité

    L'application \( \text{id} : E \to E \), définie par \( \text{id}(u) = u \) pour tout \( u \in E \), est une application linéaire.

    Exemple 2 : L'application nulle

    L'application \( f : E \to F \), définie par \( f(u) = 0 \) pour tout \( u \in E \), est une application linéaire.

    Exemple 3 : Application linéaire dans \( \mathbb{R}^n \)

    Soit \( A \) une matrice \( m \times n \) et \( x \in \mathbb{R}^n \) un vecteur colonne. L'application :

    \[ f : \mathbb{R}^n \to \mathbb{R}^m, \quad f(x) = A \cdot x, \]

    est une application linéaire.

    2.3 Image et noyau d'une application linéaire

    Image d'une application linéaire

    L'image d'une application linéaire \( f : E \to F \) est l'ensemble des images des vecteurs de \( E \) par \( f \) :

    \[ \text{Im}(f) = \{ f(u) \, | \, u \in E \}. \]

    L'image de \( f \) est un sous-espace vectoriel de \( F \).

    Noyau d'une application linéaire

    Le noyau d'une application linéaire \( f : E \to F \) est l'ensemble des vecteurs \( u \in E \) tels que \( f(u) = 0 \) :

    \[ \ker(f) = \{ u \in E \, | \, f(u) = 0 \}. \]

    Le noyau de \( f \) est un sous-espace vectoriel de \( E \).

    Exemple : Image et noyau dans \( \mathbb{R}^2 \)

    Soit \( f : \mathbb{R}^2 \to \mathbb{R}^2 \) définie par \( f(x, y) = (x, 0) \). Alors :

  • \( \ker(f) = \{ (0, y) \, | \, y \in \mathbb{R} \} \) (l'axe des ordonnées).
  • \( \text{Im}(f) = \{ (x, 0) \, | \, x \in \mathbb{R} \} \) (l'axe des abscisses).
  • 2.4 Opérations sur les applications linéaires

    Les opérations sur les applications linéaires incluent :

    • La somme de deux applications linéaires.
    • La composition d'applications linéaires.
    • Le produit par un scalaire.

    Théorème du rang

    Soit \( f : E \to F \) une application linéaire. Le théorème du rang établit que :

    \[ \dim(E) = \dim(\ker(f)) + \dim(\text{Im}(f)). \]

    Autrement dit, la dimension de l'espace vectoriel \( E \) est la somme des dimensions du noyau et de l'image de \( f \).

    Matrice d'une application linéaire

    Soient \( E \) et \( F \) deux espaces vectoriels de dimensions finies, et soit \( f : E \to F \) une application linéaire. La matrice associée à \( f \), dans des bases respectives \( \mathcal{B} = (e_1, e_2, \dots, e_n) \) de \( E \) et \( \mathcal{C} = (f_1, f_2, \dots, f_m) \) de \( F \), est la matrice \( A \) telle que :

    \[ [f(e_j)]_{\mathcal{C}} = \sum_{i=1}^m a_{ij} f_i, \quad A = (a_{ij}). \]

    Les coefficients \( a_{ij} \) représentent les coordonnées de \( f(e_j) \) dans la base \( \mathcal{C} \).

    Exemple : Matrice d'une application linéaire dans \( \mathbb{R}^2 \)

    Soit \( f : \mathbb{R}^2 \to \mathbb{R}^2 \) définie par \( f(x, y) = (2x + y, x - y) \). Dans la base canonique, la matrice associée à \( f \) est :

    \[ A = \begin{bmatrix} 2 & 1 \\ 1 & -1 \end{bmatrix}. \]

    Composition d'applications linéaires

    Si \( f : E \to F \) et \( g : F \to G \) sont deux applications linéaires, alors la composition de \( g \) et \( f \) :

    \[ g \circ f : E \to G, \quad (g \circ f)(u) = g(f(u)), \]

    est également une application linéaire.

    Isomorphisme

    Une application linéaire \( f : E \to F \) est un isomorphisme si elle est bijective, c'est-à-dire si :

    • \( f \) est injective : \( \ker(f) = \{0\} \).
    • \( f \) est surjective : \( \text{Im}(f) = F \).

    Dans ce cas, \( E \) et \( F \) sont dits isomorphes, ce qui signifie qu'ils ont la même dimension.

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